Philippe de Villiers, l'enquête. Au milieu des années 1980, on le
qualifiait de «gauchiste de droite» parce qu'il plaçait le fait culturel
au premier plan de ses préoccupations en un temps où triomphait
l'idéologie du «tout gestionnaire». Vingt ans plus tard, on le dit
«populiste» parce qu'il dénonce les dangers que fait peser sur nos
libertés fondamentales, «l'islamisation» de la société.
Entre temps, on l'aura vu sur tous les fronts : s'attaquant à la
corruption politique - ce qui lui vaudra autant d'ennemis à droite
qu'à gauche - ou dénonçant en 1992, le traité de Maastricht (au
nom de cette «autre Europe» que plébisciteront les Français lors du
referendum de 2005) ; déclarant la guerre aux bateaux poubelles qui
polluent nos côtes ou interpellant les multinationales de l'agrochimie
à propos des neurotoxiques qu'elles imposent à l'agriculture, au
risque d'éradiquer des centaines d'espèces.
Philippe de Villiers finira-t-il broyé par tant d'insolence ou
l'élection présidentielle lui offrira-t-elle l'occasion de récolter les
fruits de son obstination à creuser son sillon ?
Avant que ne s'engage le grand tournoi de 2007, il était temps
de s'intéresser, autrement que par des clichés, à ce personnage aussi
irritant qu'attachant. Irréductible, en tout cas, aux catégories ordinaires
du jeu politico-médiatique. Mais ce récit n'est pas seulement
une biographie. Il est aussi, en creux, un état des lieux de la droite
à la veille de la grande alternance. Celle qui - au-delà de l'homme
ou de la femme élue - fermera définitivement le chapitre du chiraquisme
politique.