Le mythe de la vie d'artiste a-t-il encore un sens aujourd'hui ? Dans une société qui multiplie toutes ses capacités de gestion, y compris celles qui concernent la culture, le désir de création s'accompagne toujours d'une intention de changement de vie, de l'imaginaire d'un ailleurs, de cette autre organisation du temps qui serait le fruit de notre volonté. Tout ce qui caractérise « la vie d'artiste » se réfère pourtant à des stéréotypes sociaux de comportement dont l'originalité apparente demeure conventionnelle. La croyance en l'art n'est-elle que le réceptacle de nos désirs de liberté de création ? Cette idéalisation de l'art que consacre la multitude de pratiques artistiques, devrait nous laisser penser que, de la banalité apparente naîtra, grâce à la volonté de créer, la singularité des objets, des modes de perception, et par conséquent de la vie elle-même. Mais le mythe de la vie d'artiste ne correspond pas à un art de vivre, c'est l'art lui-même qui nous laissera toujours espérer que la vie puisse être différente.