«Je mesure vingt-six pouces mais je suis parfaitement
bâti, avec les proportions requises, sauf que j'ai
la tête trop forte... J'ai une force physique considérable,
surtout quand je suis en colère. Lorsqu'on nous
fit lutter, Josaphat et moi, je le mis sur le dos au bout
de vingt minutes et l'étranglai. Depuis, je suis le seul
nain de la cour.»
Dès les premières lignes de ce livre magistral, on
retrouve les grandes obsessions de Pär Lagerkvist : la
solitude, la cruauté, la férocité la plus implacable et le
thème de la difformité. Piccolino est physiquement et
moralement un monstre. Il épie, méprise, dénonce,
torture et tue. Il est incapable de pitié, de respect,
d'amour, ou simplement d'affection. Mais sa haine est
le reflet désespéré de sa solitude.
Journal d'un fou criminel mais aussi chronique de
la cour sous la Renaissance italienne, Le nain est sans
doute le chef-d'oeuvre de Pär Lagerkvist.