Le « néo-libéralisme » évoque les figures de Margaret Thatcher, de Ronald Reagan et leurs politiques : déréglementations, privatisations, démantèlement de l'État providence, mise au pas des syndicats. Pourtant, à considérer le cas français, cette contre-révolution s'enracine plutôt dans le bouillonnement intellectuel de l'entre-deux-guerres, lorsque des économistes, des patrons et des hauts fonctionnaires jetèrent les bases d'un libéralisme nouveau, se voulant une troisième voie entre le « laissez-faire », jugé moribond, et la planification, supposée faire le lit du socialisme. Loin d'être un simple produit d'importation, le néolibéralisme français constitue le révélateur d'un ensemble de transformations : celles du rôle de l'État et de ses structures, celles des doctrines économiques, celles du champ du pouvoir et de l'action publique.
Ce livre retrace, à partir de documents d'archives inédits, la longue marche de l'idéologie néo-libérale. À travers la mise en contexte de luttes politiques et de trajectoires individuelles, il explique comment le néolibéralisme s'est institutionnalisé en France.