Disons-le une fois pour toutes: les notations de ces Carnets ne se présentent pas comme des pensées, des sentences, des maximes. Elles ne résultent pas d'une réflexion concertée et soutenue. Rien en elles d'abstrait, de théorique et moins encore de systématique. Elles sont essentiellement d'ordre poétique.
Mais pour dissiper le vague du terme poétique, précisons qu'elles impliquent des sensations, des sentiments, mêlés à des ébauches d'idées. Elles sont en fait, la réaction spontanée de la personne de l'auteur, en sa globalité, face aux multiples aspects de la réalité. Intérieure et extérieure. Face à son être intime, à la nature, aux autres humains, à la société, à l'état du monde, à l'esprit de l'époque. Face également à l'univers en sa part visible et invisible.
Ce qui atteste encore leur caractère poétique, c'est que, comme le premier vers d'un poème, elles arrivent toutes constituées déjà dans l'esprit de l'auteur. Dont le travail dès lors est de les transcrire le plus fidèlement possible. On conçoit, dans ces conditions, que ce dernier ne cherche ni à convaincre, ni à prêcher et moins encore à enseigner. Il dit simplement. Au lecteur d'adhérer à ce dit ou de le récuser. Qui, en ce sens, est une parole de liberté.
G.H.