« Sophie, notre infirmière et sage-femme diplômée, allait contre vents et marées délivrer la Lisa sur le point d'accoucher de son quatrième. En plus de vingt ans de pratique, elle avait mis au monde des dizaines de futurs marins et femmes de marins et moi en particulier un beau jour de juillet d'avant-guerre.
Sans doute conseillée par son marin de mari, elle avait un tour de main et une technique bien à elle pour couper le cordon ombilical et faire un noeud solide et élégant devenu depuis une référence.
Nous étions tellement fiers de ce privilège que l'été, lors de la baignade, le jeu consistait à dénombrer les nombrils à Sophie, preuve incontestable de notre origine insulaire. Et gare à ces étrangers ou étrangères qui auraient eu l'audace de prétendre avoir le même ou tout au moins un aussi bien fait !...
Durant la période estivale, notre bande des quatre voyait son effectif grossir par l'arrivée de copains qui habitaient toute l'année sur le continent mais considérés comme de vrais îliens puisqu'ils pouvaient justifier du fameux label Nombril à Sophie ! »