« Ici habite le bonheur » : telle est l'inscription pour le moins explicite qui accompagnait les phallus en terre cuite que les Romains aimaient à arborer à l'entrée de leur maison. Les Égyptiens du XIIe siècle av. J.-C. mirent eux en scène sur un papyrus digne d'un Kamasutra des couples se livrant à des poses acrobatiques. Quant aux Sumériens, ils traçaient déjà il y a 4 000 ans des vers obscènes sur leurs tablettes en cunéiforme.
La plastique sensuelle des statues antiques des dieux, déesses et autres amazones et hermaphrodites témoigne de l'emprise de la mythologie sur le quotidien de nos lointains ancêtres sumériens, égyptiens, grecs ou romains. Douze de ces statues, dont la Vénus de Milo à l'excitant nombril creusé dans le marbre, nous convient ici à un voyage dans l'imaginaire fantasmatique et les pratiques sexuelles des hommes et femmes de l'Antiquité, dans des sociétés profondément inégalitaires et à dominante patriarcale. Distinguant radicalement l'épouse et la prostituée ou l'homme libre et l'esclave sexuel, mais non les orientations des uns et des autres, ces pratiques nous permettent finalement de mieux comprendre l'érotisme de notre XXIe siècle, entre domination masculine et prise de conscience féminine.