Le pair-aidant : un nouvel acteur du travail social ?
Au sein de l'action sociale et médico-sociale, la reconnaissance de l'aide et du soutien apportés par des personnes concernées à d'autres personnes, en fonction de situations similaires rencontrées, s'est progressivement institutionnalisée depuis les années 1990. L'avènement du droit des usagers ainsi que les directives publiques en faveur du droit des patients, la promulgation de formes de coopération nouvelles entre publics et professionnels ont transformé le statut de ces personnes concernées : de l'usager bénéficiaire de services à celui de « rendant service ».
En France, la pair-aidance s'est d'abord développée dans le champ de la santé mentale et du handicap. Aujourd'hui, le secteur de l'accueil, hébergement et insertion (AHI) et de l'urgence est tout particulièrement concerné. En témoigne le Plan quinquennal pour le logement d'abord et la lutte contre le sans-abrisme (2018-2022) qui fixe le développement du travail pair comme l'une de ses priorités d'action.
De fait, un nouvel acteur s'affirme sur la scène du travail social : le pair-aidant. En complémentarité des professionnels, il apporte, par son expérience du vécu, un savoir empirique pour agir au plus près des besoins des personnes. Dans quelle mesure cette reconnaissance du savoir expérientiel des pairs change-t-elle la donne ? Quelle est la pertinence de cette nouvelle approche en appui des équipes, accompagnement et soutien auprès des publics ? Comment les pairs-aidants s'insèrent-ils dans les organisations de travail ? Quelle est leur participation « réelle » sur les terrains et, au-delà, dans les instances de gouvernance du secteur social et médico-social ? Quelles compétences spécifiques ?, etc.
Cet ouvrage apporte des clés de compréhension et d'analyse d'un phénomène encore peu connu mais qui ouvre à de nouveaux enjeux pour le travail social. Afin d'étayer son propos, l'auteur s'appuie sur des entretiens avec des pairs-aidants mais aussi avec des cadres ayant choisi de recruter ces personnes concernées et ayant revendiqué la nécessité de leur qualification. À ce titre, il rend compte de l'élaboration d'un programme de formation initié au sein d'une école de travail social.