Pourquoi les citoyens votent-ils ? N’est-il pas irrationnel pour un individu agissant selon son propre intérêt de se déplacer aux urnes quand les bénéfices qu’il peut en escompter sont indépendants de sa contribution ? En effet, l’arbitrage coût-bénéfice montre qu’il est préférable pour un citoyen de s’abstenir afin de profiter des avantages de l’élection sans en supporter le coût associé. C’est ce qui est communément appelé le paradoxe du vote. Afin de lever ce paradoxe, plusieurs arguments aussi divers que le sens du devoir, la pluralité politique, l’identification à un candidat, et bien d’autres encore ont été avancés. Pourtant aucune de ces solutions n’apporte de réponse ferme. Tout l’objet de cet ouvrage est de reprendre certaines des explications formulées et d’en cerner les limites, aussi bien dans leur cohérence interne que dans leur adéquation avec les données empiriques. Il s’agit de voir en quoi ce qui, en apparence, paraît être une solution acceptable ne l’est pas quand elle est formulée en termes de choix rationnel. Ainsi, l’ouvrage s’articule autour d’un va-et-vient entre une problématique (le comportement de vote) et une méthodologie (le choix rationnel) en montrant comment la problématique met en lumière les limites et les avantages de la méthode et, inversement, comment la méthode met en valeur les spécificités du comportement de vote et la difficulté à le saisir.