Toute discipline est un outil qui permet de faire parler les savoirs, de les déplacer et de les reconfigurer dans la culture. C'est pourquoi elle doit être, comme telle, dépassée et intégrée à une visée transdisciplinaire. Pluri-et interdisciplinarité sont des mensonges didactiques qui renforcent paradoxalement les territoires issus des découpages disciplinaires. Ce sont des stratégies scolaires qui accusent, en voulant le combler, le fossé existant entre le monde de l'enseignement et celui des professions. Seule la transdisciplinarité nous arrache au laboratoire fictif des disciplines, en dégageant les enjeux constitutifs des savoirs, en construisant des cadres «alternatifs» susceptibles d'intégrer des connaissances toujours plus vastes et en invitant l'homme à mieux habiter sa culture. Elle permet, semble-t-il, de nous guérir des effets néfastes provenant de la rupture «schizophrénique» existant entre l'école et les pratiques professionnelles.
L'auteur de ce livre analyse les lieux communs de la transdisciplinarité : d'un point de vue historique et pédagogique (ch. 1 et 2), épistémologique (ch. 3 et 4) et, finalement, pratique, en définissant le concept d'interprofessionnalité (ch. 5). En amont, les disciplines se recoupent dans les champs culturels des savoirs ; en aval, elles se croisent dans des pratiques multiples dont l'écriture demeure le paradigme privilégié.