Le Paris des Goncourt
Ayant hérité de quelques rentes, Edmond et Jules de Goncout décident « de ne rien faire » et entrent en littérature par le journalisme. Dans L'Éclair et Paris, ils veulent « chaque matin éveiller Paris » avec quelques nouvelles fraîches sur la vie des théâtres, des caf conc, des restaurants courus par les actrices, les gens de presse, les politiques. Faire le portrait des silhouettes à la mode, de la lorette, de la partageuse, de la lionne, de la grisette. Rapporter la rumeur de la rue.
Ils parcourent sans cesse les rues de ce Paris qu'Haussmann transforme sous leurs yeux, pour prendre des notes et faire des portraits au vitriol de la bourgeoisie louis-philipparde, de la bohème littéraire du Second Empire, du monde des hôpitaux, des prisons, des lupanars. Et, tout au long de leur vie, ils tiendront un Journal, qui est à la République des lettres ce que sont les Mémoires de Saint-Simon à la cour de Versailles : une galerie de portraits sans complaisance, une dénonciation d'une rare méchanceté des intrigues de la ménagerie humaine, préfigurant les batailles du Prix qu'ils ont fondé.