La littérature médiévale allemande comprend de nombreux trésors encore inconnus du public français. Le Pauvre Henri est le seul texte composé par Hartmann von Aue, poète souabe de la fin du xiie siècle, qui ne soit pas une adaptation d’un texte français. Ce récit bref, très proche de l’exemplum, relate la punition qui s’abat sur un jeune chevalier oublieux de Dieu. Devenu lépreux, le héros tente de trouver un remède à sa maladie et apprend par un médecin de Salerne qu’il ne peut être sauvé que par le sang d’une vierge qui accepte de se sacrifier pour lui. Quelques années plus tard, la fille du métayer qui l’a recueilli consent au sacrifice suprême et part avec le Pauvre Henri en direction de Salerne a n de sauver son seigneur. Cette œuvre originale, reposant sur d’anciennes légendes comme celle de saint Sylvestre, est à la croisée des croyances populaires et de la clergie de l’auteur. Elle est également le témoin de la variance des textes médiévaux : tandis que la version A demeure sans doute assez proche du texte aujourd’hui perdu de Hartmann, la version B nous offre une histoire différente dans laquelle la fille du métayer gagne en liberté et en autonomie. Pour la première fois, cette édition propose une traduction française accompagnée des versions A et B en mettant en relief leurs divergences, ainsi qu’une interprétation qui rend compte de l’arrière-plan théologique de l’œuvre. En annexe se trouvent des textes complémentaires traitant la même thématique, notamment la légende de saint Sylvestre d’après la Kaiserchronik (Chronique impériale).