Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami,
Mieux vaudrait un sage ennemi.
Le roman de l'écrivain japonais Toshiyuki Horie est-il une
variation sur la fable de La Fontaine «L'ours et l'amateur
des jardins», où l'animal lance un pavé sur la tête de son
ami le jardinier pour écarter une mouche, le tuant du même
coup ?
Nous y rencontrons deux amis, l'un français, l'autre japonais
et traducteur, au moment de leurs retrouvailles en Normandie,
et nous suivons leurs discussions et interrogations
au gré de leurs pérégrinations au pays du championnat de
lancer de camemberts. Mais nous voyageons aussi en compagnie
d'Émile Littré, de Primo Levi ou de Jorge Semprun,
dans ce récit composé au «fil du pinceau», d'une fantaisie et
d'une drôlerie remarquables, où se dessinent en creux des
réflexions autour de la transmission de la mémoire familiale
ou de l'utilité de l'amitié. Le pavé de l'ours, livre inclassable
s'il en est, nous offre un moment de grâce littéraire absolue.