
Aux yeux de l'opinion conservatrice, la mort de Louis XVI, le 21 janvier
1793, fut perçue comme un drame religieux, clôturant la destinée de la
monarchie sacrée, qui avait fait de la France la fille aînée de l'Église.
Jacques Marx montre comment cet événement fondateur a nourri, tout au
long du XIXe et même du XXe siècle, un discours de la culpabilité et de la
repentance dont les échos se retrouvent jusque dans la rhétorique du
maréchal Pétain et de la révolution nationale. Il montre aussi comment la
contre-révolution catholique a cherché à instrumentaliser un certain
nombre d'épisodes surnaturels - en particulier les apparitions de la Vierge
et la dévotion au Sacré-Coeur - en vue de légitimer un projet théocratique
pour la France et la restauration de la monarchie d'Ancien Régime.
Politique et religion sont ici étroitement imbriquées : autour des grands
sites marials, aventuriers politiques et prétendants, enfants perdus de la
survivance de Louis XVII, le disputent aux prophètes, devins inspirés, et
religieuses visionnaires des réseaux mystiques, dans un jeu équivoque de
manipulations et de complots.
Le Péché de la France se veut ainsi une contribution à l'histoire culturelle de
la pensée ultraconservatrice, où se mêlent la nostalgie d'un pouvoir perdu,
l'intransigeantisme catholique et l'instrumentalisation des masses.
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