Personne ne s'aperçut de ce qui se passait.
Personne ne se douta que c'était
un drame qui se jouait dans la salle
d'attente de la petite gare
où six voyageurs seulement attendaient,
l'air morne, dans une odeur de café,
de bière et de limonade.
Il était cinq heures de l'après-midi
et la nuit tombait. Les lampes avaient
été allumées mais, à travers les vitres,
on distinguait encore dans la grisaille
du quai les fonctionnaires allemands
et hollandais, de la douane et du chemin
de fer, qui battaient la semelle.
Car la gare de Neuschanz est plantée
à l'extrême nord de la Hollande,
sur la frontière allemande.
Une gare sans importance.