Voici un livre d'une violence extrême, dirigée contre un père, mais pas n'importe lequel : Hans Frank, ministre d'Hitler, puis gouverneur général de la Pologne occupée par les nazis, pendu à Nuremberg en 1946.
Niklas Frank, trop jeune à l'époque pour comprendre ce qui se passait, était cependant déjà habité par un sentiment d'amour/haine à l'égard d'un père dont il avait très vite décelé les mensonges. Plus tard, il consacrera une grande partie de sa vie à travailler sur son histoire familiale pour établir la vérité sur les crimes de son père, largement niés par sa mère, ses proches et tous ceux qui ont gravité autour de lui. Cette tentative, d'emblée vouée à l'échec, débouche sur une sorte de lettre au père, écrite dans une langue imaginative et brutale, qui s'attache à débusquer tous les faux-fuyants, tous les travestissements de la réalité. En creux, il s'agit aussi du portrait d'une enfance abusée, contrainte de participer à son insu à une entreprise d'anéantissement de l'être humain. À ce titre, c'est à la fois un témoignage historique de premier ordre sur la période nazie, sur l'occultation dont elle a été ultérieurement l'objet dans une partie de la société et de l'administration allemandes et, par sa langue acide et véhémente, une surprise littéraire.