L'Église catholique de l'Ouganda considère, à juste titre, le
Père Siméon Lourdel comme son fondateur. Sa vie héroïque a
fait l'objet de plusieurs biographies.
Celle-ci s'en démarque par un choix délibéré d'étudier sa
courte vie à partir de sa correspondance, heureusement conservée
: ses lettres à sa famille, à ses supérieurs, notamment. Ce
courrier nous révèle l'âme du héros, son vécu quotidien et celui
de ses compagnons, ses motivations profondes, son courage et
son zèle, mais il nous fournit aussi quantité de détails sur la vie
du peuple auquel il avait voué son existence et sur leurs souffrances
communes.
Car l'Eglise de l'Ouganda fut fécondée d'emblée par le sang
des martyrs.
On pourrait croire ces temps révolus : certes, on ne met plus
quatorze mois, mais huit heures pour atteindre le lac Nyanza ;
une lettre ne tarde plus de huit mois à un an et demi ; on dispose
de remèdes, d'hôpitaux, alors qu'on mourait comme des
mouches de la malaria, de la dysenterie, du choléra, après un
an, quatre ans, dix ans au plus de présence en Afrique...
Pourtant, de nos jours, bon an, mal an, trente, quarante missionnaires,
prêtres ou religieuses, meurent de mort violente,
dans les régions risquées où ils vont prêcher le Christ.
La vie missionnaire est toujours aussi exigeante. Il faut, aux
jeunes appelés aujourd'hui, le courage des pionniers : les médias
leur offrent des idoles, ils rêvent de héros. Siméon Lourdel en
fut un, doublé d'un homme de Dieu, animé d'un grand amour
pour ceux auxquels il voulait porter la Bonne Nouvelle de
Jésus-Christ.