
Cet ouvrage a pour ambition de combler une lacune de l'historiographie
politique et sociale du XXe siècle : le petit et moyen patronat et ses rapports
avec les pouvoirs publics n'ont pas fait l'objet de nombreuses études de
recherche comme les grandes entreprises. En effet, dans une historiographie
marquée par la prégnance du marxisme, le petit et moyen patronat n'a pas sa
place dans une société classiste où il est considéré comme l'une des
catégories les plus réactionnaires du patronat. L'approche libérale, qui insiste
sur la diversité du patronat, ne considère pas non plus les PME comme
l'élément moteur des Trente Glorieuses.
La Confédération générale des Petites et moyennes entreprises créée par
Léon Gingembre en 1945, avant même la naissance du CNPF en 1946, s'est
attachée à forger une identité PME, solidaire des classes moyennes
indépendantes et distincte du grand patronat. Ce n'est qu'à la fin des années
1980 que l'image des PME dans la nation française et auprès des pouvoirs
publics devient positive. Les crises économiques de la fin du XXe siècle
l'expliquent. On découvre que la PME peut être créatrice d'emplois alors que
des pans entiers des grandes entreprises s'effondrent. Ce changement
dépasse très largement les clivages partisans. Au plan PME lancé par Édith
Cresson en septembre 1991 succède celui d'Alain Juppé en novembre 1995,
puis les mesures de Renaud Dutreil, ministre du gouvernement Raffarin,
l'homme, avec Antoine Pinay, le plus populaire à la CGPME.
Les représentations de la PME contemporaine sont multiples et diverses.
Elles vont de la PME innovante et créatrice d'emplois à la petite entreprise
commerciale en difficulté repliée sur l'hexagone. La PME devient un enjeu
politique majeur au coeur des contradictions de la société civile tiraillée entre
modernité et archaïsme.
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