Dès le début du XVIe siècle se développent en Europe des ateliers d'imprimerie où sont édités de nombreux livres en hébreu et en yiddish. Si la production en langue sainte est connue, celle en langue vulgaire nous est moins familière. Quels furent les principaux centres d'impression de la littérature populaire juive, depuis l'Italie du Nord jusqu'à Amsterdam en passant par la Pologne ? Qui sont les imprimeurs, les libraires et les colporteurs qui produisent et diffusent ces ouvrages ? La multiplication des livres en langue vernaculaire répond aux demandes d'un public populaire, avide de lectures pieuses, de traductions d'ouvrages religieux et de textes profanes. L'essor de cette littérature modifie les habitudes culturelles, notamment l'interprétation des textes sacrés, et les pratiques de lecture. Le contrôle des idées par l'élite des savants, sans être bouleversé, évolue lentement On assiste ainsi, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, à l'ouverture de nouveaux espaces de création, à la naissance de nouvelles formes littéraires et à la transformation des échanges entre culture savante et culture populaire.
Dans cette synthèse très documentée, Jean Baumgarten éclaire pour la première fois un aspect fondamental de l'histoire du livre dans la société ashkénaze et de la vie culturelle dans l'Europe prémoderne.