Les philosophes, disait robert Musil, sont des êtres violents qui, faute d’avoir une armée à leur disposition, se soumettent le monde en l’enfermant dans un système. il peut aussi leur arriver de vouloir atteindre leurs objectifs en devenant les conseillers d’un prince. ils s’exposent, en ce cas, à de pénibles frustrations car le prince (« bon » roi ou « méchant » tyran) n’a que faire des conseils d’un naïf philosophe. si je reviens ici sur les temps forts de cette histoire (Platon et Denys, Descartes et Christine, Voltaire et Frédéric, Heidegger et Hitler, etc.), ce n’est pas pour inviter les philosophes à s’éloigner de la politique. C’est, au contraire, pour tenter d’instituer, entre le pouvoir et la pensée, un véritable dialogue. encore faut-il, pour que celui-ci soit possible, que soit reconnue la nature paranoïaque de la démarche philosophique. C. D.