Rétif de La Bretonne
Le Pied de Fanchette
« Fanchette, jeune, innocente et vertueuse, était tranquille chez son bienfaiteur Apatéon. Souvent elle s'était aperçue qu'en lui parlant, il rougissait... : lorsqu'ils revenaient ensemble, au lieu de lui donner la main pour descendre de la voiture, il la prenait dans ses bras, et la portait jusqu'à l'escalier : en montant, ses pieds touchaient à peine à terre ; l'obligeant vieillard la soulevait, et parvenait hors d'haleine à la porte de son appartement : sous prétexte qu'une chaussure trop juste pouvait la gêner, dès qu'ils étaient rentrés, lui-même présentait à Fanchette des mules élégantes, tombait à ses pieds pour l'empêcher de se baisser, et la débarrassait de son joli soulier. La jeune fille sentait au fond de son coeur une vraie reconnaissance de tous ces soins : cependant quelquefois ils la firent rougir. »