Le planteur
Ce volume réunit trois textes, de trois genres littéraires différents, qui ont à leur base la même donnée. Il s'agit d'une jeune femme dont le père, planteur en Louisiane, est mort en laissant des dettes importantes. Un jour, alors que rien - ni la couleur de sa peau, ni la vie qu'elle a menée jusque-là - ne laisse soupçonner la vérité, cette jeune personne apprend qu'elle est fille d'une esclave non affranchie et donc, d'après la loi, esclave elle-même. Elle est alors mise aux enchères avec les autres biens de son père et se voit adjugée à un planteur qui lui répugne depuis longtemps et dont elle craint le pire. Cette similarité entre les textes n'est pas le fait du hasard, ni la reprise gratuite d'une histoire dont les péripéties émouvantes sont souvent racontées par des auteurs qui entendent faire prendre l'esclavage en horreur. Bien au contraire, il existe une filiation directe entre ces textes.
« Il est des personnes [du sud] qui ont la faiblesse de compter, pour la destruction de l'esclavage, sur l'affection paternelle, alors que le mélange des races aura pris un développement suffisant [...]. Et cependant ces mêmes planteurs, qui vendent leurs enfants pour remplir leur bourse, qui les procréent dans le but avoué d'en faire de l'argent, ces hommes n'ont pas honte d'adresser le reproche d'amalgamation aux abolitionnistes du nord, dont nul, comme l'évidence le prouve, n'a conçu même l'idée du mélange des races. C'est du sud, où ce mélange est perpétuellement encouragé, qu'est venue cette accusation hypocrite et mensongère. »
Harriet Martineau, Voyage aux États-Unis