Ibn Zamrak est l'un des derniers grands poètes néo-classiques de l'Andalousie (1333-1398). Célèbre de son vivant, il eut l'insigne privilège de voir sa poésie utilisée pour orner les oeuvres architecturales réalisées en son temps, en particulier la cour des Lions, le patio de los arrayanas et la salle de las hermanas.
Ce sont les poèmes et les muwashshahâts pleines de fraîcheur qui nous révèlent un poète fasciné par la beauté: celle de la feme d'abord qu'il évoquera avec beaucoup de délicatesse et de tendresse en nous faisant part de tout ce qui la rend désirable.
Celle de la nature ensuite, de Grenade en particulier avec son Alhambra qui se dresse fière et altière dans un environnement enchanteur. C'est à travers des tableaux suggestifs, à la manière d'Ibn Khafadja, cet amant de la nature qu'il admirait tant, qu'Ibn Zamrak nous fait part de son admiration infinie de ce don du ciel embelli par la main de l'homme: ce sont tantôt les jardins fleuris, les ruisseaux au doux murmure, les jets d'eau rafraîchissants, les canalisations «où, comme l'observe joliment Louis Massignon, le transparent liquide, en partant des veines cachées, vivifie tout».