Tout projet populiste procède par exclusion, en ceci qu'il vise à construire
un espace à la fois défensif et identitaire. Comment l'architecture peut-elle
devenir productrice (et victime) de ce type de montage, structuré autour de
l'instrumentalisation politique de la ville ? Les thuriféraires de la postmodernité
prétendent que l'hétérogénéité esthétique, supposée faire pièce à
l'uniformité moderniste, est l'effet de la «démocratisation des goûts». En
observant la déclinaison néolibérale de ce thème à partir des années 1980,
cet essai montre que le populisme esthétique, sous des dehors antimodernistes,
cache une vocation éminemment inégalitaire et «sur-moderne».