Assis à l'arrière de la voiture avec le chauffeur que l'armée
américaine avait mis à sa disposition dès le jour de son
engagement, le professeur Rémus Belley lisait, comme chaque
matin, la page sportive du New-York Times. C'était là le seul
moment de détente qu'il s'accordait dans une vie entièrement
consacrée à son travail. Surdoué de sa promotion, il consacrait
tout son temps à ses recherches. C'était d'ailleurs une des raisons
principales pour lesquelles l'armée était venue le chercher à
l'université de New-York, il était, selon les termes du général
Harburry, directeur du centre de recherche de Blue Mountain,
«une bête de concours», dont les résultats dépassaient largement
tous les espoirs. Et Belley ne trouvait même pas dommage que
jamais, au grand jamais, les résultats de ses travaux ne
seraient connus du grand public. Et quand bien même un
humain serait au courant de ce qu'il mijotait, il survivrait à
peine assez longtemps pour en parler à son voisin...