Le postmodernisme littéraire et sa pratique chez les romanciers francophones en Afrique noire
À partir d'un corpus de quatorze romans d'Afrique noire, parus entre 1979 et 2004, cet essai avance l'hypothèse de traits, de pratiques et de moments postmodernes qui irriguent les textes africains. La grille de lecture est construite autour des discours postmodernes esquissés par Jean-François Lyotard, Jean Baudrillard, Guy Scarpetta et une critique transculturelle des genres qu'on retrouve chez Josias Semujanga.
Au-delà d'une exubérance des formes, d'une autoreprésentation extrême qui le rapproche de mouvements et écoles périphériques (avant-garde, Nouveau Roman, surréalisme...), le postmoderne littéraire se décline comme un hyperréalisme traduisant un état dynamité du social. Il rend compte du simulacre des sociétés actuelles, de la désontologisation des valeurs dans la désémantisation du signe. Il ne poursuit pas une essence métaphysique. Ici se trouvent ses points de contact avec un roman africain postcolonial... excentrique.
À l'instar du roman postmoderne, le roman africain ne construit plus : il déconstruit, déspatialise, détemporalise, déchronologise à souhait dans une fin joyeuse ou apocalyptique de l'historicité. Les personnages et la société issus de ce discours de la mort de l'innocence sont bien souvent désarticulés et... sans mémoire : jeux de mobilité, de transferts, de recyclage qui situent ce roman dans une dynamique transnationale, transculturelle, dans la macrosémiotique postmoderne Internationale.