La matérialité de l'écriture filmique, le support soumis à
ouvragement au cinéma, est rarement perçu par le spectateur.
De cet ouvragement dépend néanmoins le caractère analogique,
idéologique de l'image, du film, de l'intrigue, du récit. On peut
également considérer que la matérialité de l'écriture filmique ou
son support sont assortis (comme ce qui en sort et y revient)
à la perception et à la pensée, voire que la matière de l'écriture
a trait à la perception et à la pensée (que Bergson appelle
mémoire). Perception et pensée constituent ainsi le véritable
pouvoir de l'écriture.
L'ouvrage comprend deux carnets. Dans le premier, il est
question de l'histoire de la pensée de l'image et du cinéma
(argentique ou numérique). Certains concepts de Freud (le bloc
magique), Derrida (la trace), Bergson (la matière et la mémoire),
Ricoeur (l'empreinte) et Deleuze (l'image-mouvement et l'image-temps)
sont examinés, de même que certaines études qui ont,
entre autres, porté sur le cinéma des premiers temps ou L'Homme
à la caméra de Vertov. Dans le second carnet, la pensée des
histoires ou l'identité narrative induite des récits documentaires
ou de fiction sont soumises à examen. Certains travaux de
Ricoeur sont mobilisés, dont ceux qui ont pertinemment trait
à l'identité narrative. Des films mettant notamment en scène le
personnage d'Hannibal Lecter nous servent de «laboratoires
éthiques» (selon l'expression du chercheur).