Qui est Mohammed ben Salman, qui bouscule l'Arabie Saoudite et séduit les Occidentaux ? Un visionnaire, un réformiste ou un opportuniste brutal ?
À 32 ans, Mohammed ben Salman, dit MBS, est le prince héritier d'Arabie Saoudite. Il est le premier petit-fils d'Ibn al-Saoud – le fondateur du royaume qui porte son nom – à accéder au pouvoir. Richissime descendant d'une dynastie féodale, il veut transformer son pays en profondeur en réduisant sa dépendance au pétrole, en mettant les Saoudiens au travail et en accordant aux femmes le droit de conduire.
Mais derrière cette façade progressiste, le mystère et les contradictions demeurent. MBS gouverne l'une des sociétés les plus oppressives de la planète, où la liberté de penser et l'espace public se réduisent de jour en jour. Obsédé par la menace iranienne, prêt à se rapprocher d'Israël par l'entremise de Washington, il mène une guerre sans fin au Yémen, où sévit l'une des plus graves crises humanitaires contemporaines. Toute opposition est réprimée. Jamal Khashoggi, journaliste saoudien éminent, a ainsi été assassiné à Istanbul en octobre 2018, démembré par un commando dirigé par des proches du prince héritier.
Le roi, son père, a 82 ans. S'il lui succède comme prévu, Mohammed ben Salman pourrait régner un demi-siècle. Despote brutal aux ambitions réformatrices, où va-t-il conduire cette Arabie aux réserves pétrolières illimitées, au pouvoir militaire et économique immense et au rôle politique croissant dans un Moyen-Orient en plein chaos ? À la tête de la plus grande puissance sunnite du monde arabe, pourra-t-il purger l'islam du terrorisme ?