Le prix de la joie
12 juillet 1963, Aix-en-Provence. Charles Trenet déjeune à la terrasse du restaurant où il a ses habitudes. Soudain, une altercation éclate avec un jeune homme et, quelques heures plus tard, le chanteur est arrêté puis jeté en prison. De quoi l'accuse-t-on ? D'« actes impudiques et contre-nature sur mineurs de moins de vingt et un ans ». Dès le lendemain, la rumeur enfle : Charles Trenet organiserait des parties fines, des « ballets bleus ». Une certaine presse en remplit ses colonnes en confondant, avec la volonté de les confondre, « pédérastes » et « pédophiles » Parce qu'à cette époque, une loi héritée du gouvernement de Vichy considère qu'une personne homosexuelle ne saurait être capable d'un consentement éclairé avant vingt et un ans. Charles Trenet, d'un tempérament insoumis et éternellement juvénile, refuse de céder au chantage auquel il s'avère en réalité confronté. Mais dans la solitude de sa prison, l'artiste se livre à une incontournable introspection : est-il seulement victime de la morale ? ses élans et plaisirs ne seraient-ils pas coupables à force d'être minoritaires ? est-il un adulte raisonnable ? un fou chantant ?
Dans ce récit imaginé à la première personne, Olivier Charneux accompagne un homme qui vacille et nous rappelle combien nos moeurs sont instables, nos lois parfois inadaptées et nos jugements souvent brutaux.