En 1887, Hugo Blümner consacrait à la métallurgie de l’Antiquité gréco-romaine un volume de sa fameuse Technologie und Terminologie der Gewerbe und Künste bei Griechen und Römern. Malgré les progrès considérables de la philologie, de l’archéologie, de l’histoire des sciences et des techniques, l’œuvre de Blümner n’a pas été remplacée dans son propos fondamental : tirer des textes anciens tous les enseignements techniques qu’ils contiennent, et les confronter avec les documents archéologiques, spécialement avec les analyses de laboratoire. C’est la tâche que nous entreprenons dans nos recherches de métallurgie antique, dont on a ici le premier volume. Avant toute utilisation de ces textes, il nous a paru nécessaire de les replacer dans leur ambiance intellectuelle et d’étudier les idées des anciens sur les métaux en général : les origines d’un concept scientifique de métal, les théories sur la nature, les propriétés et la formation des métaux, les premières intuitions de leur structure. Il s’agit, non d’une doctrine systématique, mais de considérations éparses chez les savants de l’Antiquité, de membra disjecta, qui montrent l’éveil d’une réflexion théorique dans un domaine apparemment laissé aux artisans.