Au moyen de textes rarement ou jamais utilisés, l'auteur
tente de décrire quelques aspects d'un système de représentation
essentiel à la compréhension de Shakespeare et de
rendre sensibles, par l'étude de Titus Andronicus, de Jules
César, de Macbeth, d'Othello, de La tempète et d'autres
oeuvres dramatiques, l'extrême proximité et l'extrême éloignement
d'un auteur et d'une culture qui ont marqué
au plus profond le monde occidental.
Quatre sujets principaux sont abordés : la forêt et la
chasse ; le sacrifice et le sang répandu ; les relations entre
le roi, le royaume, les sujets et les étrangers ; la différence
ethnique, théologique et culturelle. L'auteur utilise, pour
l'effet de contraste et de miroir qu'elles produisent, quelques
oppositions attestées à l'époque élisabéthaine et importantes
dans les sciences humaines aujourd'hui : entre la nature
et la culture, le sacrifice et le sacrilège, le pur et l'impur, la
nourriture et le poison.
Le rapport - ou le conflit - entre le «proche»
et le «lointain» donne son titre à l'ouvrage, car, à propos
d'une époque où se produisent des mutations sociales, religieuses,
politiques et économiques en même temps que
l'expansion du monde exploré, il unifie des thèmes à première
vue disparates : l'Indien (ou le Noir) et l'Anglais, le braconnier
et le cerf, le roi et l'assassin, la violence et la vertu, le
religieux et le politique, la chasse, l'inceste et le meurtre. Il
permet en outre de parler simultanément de l'espace, du
temps, des relations de parenté, de l'amour et de la haine
destructrice.
Des oeuvres dramatiques, juridiques, théologiques et des
récits de voyage s'épaulent ainsi les uns les autres pour
parler, à l'unisson, d'une voix qui est la leur et d'une voix
qui est celle de notre temps.