Avant toute chose, les nouvelles technologies ont
servi aux patrons à licencier leurs employés, à
réduire leurs coûts de main-d'oeuvre, à délocaliser.
De l'usine à l'exploitation agricole, de la raffinerie
aux bureaux, aucune profession n'a échappé à
l'offensive. Pourtant, toujours pas de révolte,
d'exigence de protection, de résistance.
Quel contraste avec la première révolution
industrielle, qui a terrassé un nombre incalculable
de personnes mais suscita une résistance farouche
et finit par déboucher sur le mouvement ouvrier
et son corollaire, la législation sociale progressiste.
Aujourd'hui, ces acquis ne cessent de s'éroder
à mesure que les syndicats s'affaiblissent et que
les programmes sociaux destinés à nous protéger
des violences du marché sont démantelés.
Pourquoi une telle passivité ? Pourquoi une telle
déférence pour le marché, une telle révérence
pour la technologie ?
Ce qui nous paralyse, ce sont notamment les
concepts dont nous avons hérité, comme celui
d'un progrès technologique nécessaire et bénéfique
; et l'idée que la compétitivité, fondée sur
ces technologies, serait la voie la plus sûre vers
la prospérité et le bien-être.