Dans Le Prophète Eros et dans Premières Eternités l'appel n'est pas seulement lancé à la vue, à l'ouïe, aux pieds qui vont frapper le sol en cadence, aux mains qui vont battre pour mieux se serrer, se resserrer. La fête s'organise en un «banquet d'Eros». Le corps lui-même «devient festin».
Cette poésie se donne du champ comme elle se donne un chant, et pour mieux faire entendre une musique qui n'est ni ne veut être, l'auteur le précise, celle de Mozart ou de Chopin, mais la sienne propre, le sol majeur de sa tendresse, le si majeur de sa tristesse.
Sobhi Habchi rejoint les grandes voix poétiques d'aujourd'hui, avec l'originalité qui est la sienne, avec son timbre, qui ne ressemble à nul autre.
Dans notre Occident trop souvent froid parce qu'il reste épris de raison, Le Prophète Eros et Premières Eternités apportent la chaleur de l'Orient. Sobhi Habchi retrouve les accents du Cantique des cantiques, volutes s'élevant au-dessus du «cant» et de Kant lui-même.
Pierre Brunel