Abdel-Karim est issu d'une famille de notables musulmans, les Azzâm, qui a longtemps dominé la vie politique à Tripoli. Après des études dans un lycée chrétien, il mène une vie de patachon. On le marie à une fille de nouveaux riches ; l'affaire se solde par un divorce. Puis la guerre le propulse à Paris, où il vit une brûlante histoire d'amour avec une ballerine serbe. La soudaine disparition de celle-ci le renvoie dans sa ville natale, en plein désarroi. Là, il retrouve Ismaïl, dont la mère travaille comme femme de ménage chez les Azzâm, et qui vit dans le « Quartier américain », l'un des plus pauvres et délabrés de Tripoli. Après l'invasion américaine de l'Irak en 2003, des prédicateurs y recrutent des candidats au djihad, et Ismaïl est chargé de mener un attentat-suicide près de Bagdad...
À travers ces destins croisés, c'est l'histoire récente de toute une ville qui nous est contée, dans un roman à la fois riche et concis où rien n'est superflu. L'auteur parvient admirablement à restituer les antagonismes de classes et de générations, la décomposition de l'élite traditionnelle, les élans brisés de la jeunesse et l'irrésistible ascension de l'islamisme radical, tout en célébrant le vieux fonds de courage et de bon sens populaires qu'incarne une modeste et émouvante femme de ménage.