La science moderne s'est constituée, au début du XVIIe siècle, à partir
de deux postulats : la connaissance scientifique est produite par une
pluralité d'esprits ; mais elle peut être assimilée intégralement par
l'individu - qui fait sien le savoir accumulé et sait méthodiquement
l'augmenter. D'où, en philosophie, de Descartes à Husserl, la place
décisive du cogito.
Aujourd'hui, la science repose sur la coordination de processus
hétérogènes, inassimilables dans leur intégralité par un seul individu ;
la construction des concepts, l'élaboration des hypothèses et la
nature des preuves varient d'une discipline à l'autre ; la distinction
entre science et technique n'est plus valide, tant spéculation pure
et invention technologique se mêlent ; enfin, le postulat de l'unité
anthropologique de l'humanité, de l'universel accès de l'individu au
savoir, est battu en brèche par les inacceptables inégalités entre les
nations.
Dès lors, quel doit être le nouveau rationalisme ?