Une jeune mariée est recueillie dans la neige par des paysans, et c'est toute une histoire, par fragments, qui revient sur elle-même.
Au commencement, il y a la lumière hivernale des causses du Quercy, un domaine aujourd'hui à l'abandon, des vols d'oiseaux et la neige qui va tout ensevelir.
A la mort du père, Léopold, le fils du domaine, refuse d'être "celui sur lequel les espoirs reposent". Il prend le masque, il prend le maquis. Sous une autre identité, après d'autres péripéties, il enlèvera une jeune fille, fine et énigmatique, qui a grandi comme un lys dans un clan de romanichels. C'est comme si, par elle, Léopold allait enfin s'éveiller à sa propre existence. Par impuissance, il tentera de tuer son rêve : un couteau de glace étincelle dans un monde de blancheur.
Conjointement à l'histoire qu'il imagine, un écrivain se met en scène en compagnie de son épouse Minna. Lui et elle sont dans une coquille. Devenus intérieurs l'un à l'autre, ils éprouvent une sensation d'étouffement, la nécessité de s'ouvrir à d'autres métamorphoses : aimer ensemble une jeune fille, l'inviter à entrer dans le cercle, et se rejoindre magnifiquement à travers elle.
C'est tout le thème du ravissement : à la fois ravir et être ravi, parvenir à une lente possession en étant possédé en retour. Les deux histoires en parallèle alternent, se suscitent, s'éclairent mutuellement. Voici la vie et l'écriture dans leurs subtiles coïncidences, portées par un même souffle émerveillé, dans une langue nette et transparente. Jean-Pierre Otte nous entraîne dans son univers en nous donnant la sensation d'une première fois.