Quelle place la fiction peut-elle occuper dans un discours qui semble recourir
au registre de la véridiction, celui de la philosophie ? C'est à cette question que
s'attache cette recherche qui s'inscrit dans le cadre de l'analyse du discours
philosophique développée en France depuis la fin des années 1990. La réponse
ne saurait se limiter à la recension des valeurs illustratives et argumentatives
des énoncés non factuels ; elle exige une vision large de la notion de fiction
dans la tradition philosophique, à la fois linguistique, pragmatique et
sémantique, et passe par la description fine de cas emblématiques. Sont ici
mis à l'épreuve les discours idéaliste de Descartes, sensualiste de Condillac,
phénoménologique de Merleau-Ponty. L'étude des textes permet d'envisager
le recours à la fiction comme un mode de validation des discours spéculatifs.