Jésus regarde et écoute avec intensité tous les phénomènes de notre monde - la naissance, la faim, la fête, le travail aux champs ou au lac, l'économie, les affaires domestiques, les liens affectifs, les animaux, les plantes, le soleil, la pluie et le vent, la maladie et la mort. Il laisse voir combien tous ces phénomènes, malgré leur précarité, lui sont chers, lui apparaissent riches de sens et de valeur. Jésus est le « pasteur de l'être » parce que son regard reconnaît et restitue son sens à tout ce qui est. Tous les phénomènes du monde sont recherchés par lui, qui les libère de la prison opaque de l'ambiguïté, qui les défend contre les loups qui viennent seulement pour les ravir et les disperser.
La réflexion théologique, attentive aux dits de l'Écriture, en laisse émerger la beauté en s'appuyant ici sur les possibilités offertes par la phénoménologie contemporaine, surtout par les études de Husserl sur les « synthèses passives » et par les critiques que des phénoménologues récents font aux sciences et à leurs techniques qui voient notre monde comme une « chose » purement objective à l'horizon d'une volonté de puissance distraite de la réalité vive.