Le rescapé et l'exilé
Dans ces échanges, aussi bien le rescapé, Stéphane Hessel, que le réfugié, Elias Sanbar, s'emploient à expliquer les raisons de leurs prises de position passées et présentes. Le premier, ancien résistant déporté à Buchenwald, puis diplomate en poste au siège de l'ONU dès sa création, revient ainsi sur l'ambiance générale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, extrêmement favorable à la création d'un État juif en Palestine. Il était d'ailleurs lui-même persuadé que l'ONU devait agir dans ce sens. S'il n'a pas, depuis lors, changé de position en ce qui concerne la légitimité de l'État d'Israël, la guerre des Six-Jours, l'occupation et la colonisation des territoires occupés l'ont conduit ces dernières années à militer pour le droit du peuple palestinien à disposer, lui aussi, d'un État indépendant et souverain, en conformité avec les résolutions des Nations unies. Elias Sanbar, quant à lui, n'avait que un an quand ses parents ont dû quitter en 1948 leur ville de Haïfa pour se réfugier au Liban. Il décrit son itinéraire d'exilé, son engagement dans les rangs de la résistance palestinienne, le combat des siens pour rendre à la Palestine son nom, et souligne sa conviction qu'il n'est de réconciliation possible entre les deux peuples sans rétablissement de la vérité historique et sans respect scrupuleux du droit.