Mémoires. Tome VII (1603-1604)
Le Rétablissement des Jésuites
« Pour plus facile intelligence de ce qui sera dit, il se faut souvenir que le Roi avait réduit tous ses débonnaires sujets catholiques à son obéissance loyale, ainsi que les plus zélés catholiques espagnolisés & ligueurs passionnés ; mais pour la crainte de ses armes, l'appréhension de leur ruine, & à grande graisse d'argent, ils firent tous tant égale démonstration d'affectionner le Roi & le bien de la France, que tous furent reçus & regardés de lui comme s'ils eussent eu sa même franchise & bonté naturelle, voire quelques-uns admis dans l'administration de ses affaires importantes. Auxquels néanmoins restant encor quelque diminutif de semence espagnolique & ligueuse dans la fantaisie, ils ne se pouvaient empêcher aux occasions, lorsqu'ils le pouvaient faire, sans se trop découvrir, de favoriser ceux qui avaient de mêmes sentiments. Et ils sollicitaient continuellement le Roi pour le rétablissement des Jésuites, la publication du concile de Trente, la rejection de ceux qu'ils nommaient hérétiques. »