Photographe de modèles pas du tout farouches, Heinrich
est aussi retoucheur. Une profession très prisée
du temps de Staline que notre héros exerce depuis
qu'il a compris qu'il avait hérité du don de son père,
photographe et retoucheur, réquisitionné par le KGB.
On aurait tendance à l'oublier mais le régime
soviétique entendait contrôler entièrement la vie et la
pensée de ses sujets. Ainsi les photos officielles où
apparaissait un dirigeant tombé en disgrâce étaient,
bien avant Photoshop, obligatoirement retouchées :
le condamné n'avait jamais existé, Trotski n'avait jamais
été aux côtés de Lénine, etc.
Or le père de Heinrich savait que, s'il retouchait un
portrait, la personne photographiée mourrait peu
après.
Dans la Russie de Poutine, criminogène et corrompue,
où les meurtres politiques et crapuleux sont
quotidiens, un tel don et la simplicité de son mode
opératoire ne peuvent qu'exciter les convoitises des
mafias, polices et services très spéciaux...
Malheureusement pour lui, notre photographe à la
mode semble ignorer que, quand la retouche précède
l'exécution, le retoucheur n'a plus qu'à s'effacer pour ne
pas, à son tour, être rectifié.