Le rêve, la transe et la folie
La psychiatrie moderne et la psychanalyse ont
associé le rêve, la folie et la transe mystique à des
phénomènes d'hystérie. Il faut refuser une telle
réduction, mais néanmoins admettre qu'avec le
rêve, la transe et la folie, nous pénétrons dans un
monde «autre». Les sociétés primitives ont saisi
cette «altérité» et cette étrangeté, en établissant
un système d'intercommunications entre les
mondes et une série de relations entre le rêveur,
le fou et la femme en transe, chacun d'eux étant
un intermédiaire privilégié entre le monde
d'ici-bas et le monde surnaturel. Nos sociétés
modernes ont rompu ces communications : nos
rêves ne sont plus des messages envoyés par les
dieux mais des représentations de notre histoire
personnelle. Le surnaturel est ainsi partout rejeté
au nom des exigences d'une raison cartésienne et
scientifique. Cependant, rêve, folie et transe continuent
à nous surprendre : est-ce parce que nous
lisons en eux la fragilité de notre raison, l'inconsistance
des tabous et barrières de nos sociétés ?