Aristophane est le seul représentant de la Comédie ancienne dont nous
possédons des oeuvres complètes. Le poète athénien est né aux environs
de 450 et il doit être mort vers 386 av. J.-C. Des quarante-quatre comédies
qui lui sont attribuées, onze seulement nous sont parvenues dans leur intégralité
; ces comédies s'échelonnent de 425 à 388, le Ploutos (388 av. J.-C.) étant sa
dernière oeuvre conservée. Ces onze comédies totalisent 15 290 vers auxquels il faut
encore ajouter des centaines de fragments.
De l'Antiquité à nos jours, le poète a été l'objet de jugements très élogieux
comme de critiques très sévères. Les raisons pour lesquelles Aristophane a été
vilipendé pendant plus de deux millénaires sont sans doute celles pour lesquelles
il a été admiré : son agressivité et son obscénité ; la mort de Socrate lui a souvent
été très injustement imputée. Les historiens de la littérature
grecque ont eu généralement une lecture trop sérieuse de son
oeuvre, le considérant presque comme un historien.
L'auteur du présent livre tente, au contraire, de montrer
que le principal but constamment poursuivi par le poète a été
de faire rire son auditoire dans le théâtre de Dionysos, durant
la période la plus noire de l'histoire grecque, c'est-à-dire durant
l'interminable guerre du Péloponnèse qui s'échelonna de 431
à 404 av. J.-C. et qui mit aux prises Athènes et son empire à
Sparte et ses alliés. Il a eu recours notamment aux théories du rire les plus récentes
telles que celles de Bergson, de Freud, de Dupréel et de Victoroff qui permettront
au lecteur de comprendre l'étendue du génie d'Aristophane, ce prodigieux remueur
de mots, qui continue à nous faire rire, plus de 2 400 ans après sa disparition.