Le roi, l'âne et l'arpenteur
Politique et religion dans la Bible
Israël s'est fait la pire des Nations, crie la Bible. Iconoclaste, jalouse pour l'homme, elle en appelle à l'Un, Celui qui seul Est.
Le destin d'Israël était flamboyant. Il consistait dans la liberté et la fraternité. Mais en prenant chez les Nations le modèle de la royauté, Israël a fait l'expérience du Mal, de l'aliénation, de la volonté de puissance. Aussi les visionnaires des Écritures s'établissent-ils au carrefour de la religion et de la politique pour dénoncer le crime royal.
Toute la Bible oppose ainsi deux régimes. D'un côté, le joug de la monarchie, la tyrannie de la Couronne, le cortège fou de pactes, de guerres, d'assassinats qui détourne l'Image de Dieu en chacun au profit du mirage du roi et de son or. De l'autre côté, l'utopie de la fédération, le Cadastre des Douze Tribus qui doit sauver l'indépendance de chacun en sa ferme.
Ce conflit entre la Couronne et le Cadastre culmine dans l'Évangile. Politique d'emblée, le prologue de Matthieu met face à face Joseph, un fils de David qui abdique, et Hérode, un roi de Jérusalem qui massacre son peuple. Pilate jouera la Galilée des Nations contre Jérusalem, fera de Jésus de Nazareth le roi des Judéens. Il reviendra alors à l'Apocalypse de recouvrir Jérusalem d'un or qui outrepasse l'or des princes.