Le roi Salomon au Moyen Âge
Savoirs et représentations
À l'époque médiévale, en Orient et en Occident, se conjuguent sur la figure mythique du roi Salomon des aspects variés et parfois contradictoires touchant aussi bien au secret qu'à une diffusion d'idées et de représentations visant à un consensus social et politique. Les contributions ici réunies s'inscrivent dans une optique comparative dans la mesure où la place qu'occupe Salomon dans les trois religions du Livre (judaïsme, christianisme, islam) n'a fait que croître et embellir durant la période médiévale, dans le cadre d'une symbolique du pouvoir en partie commune et de ce que l'on pourrait appeler une « culture de l'équivoque » (Bruno Roy). Paradigme du roi sage et juste d'après le texte biblique, Salomon est en effet également un souverain dépravé, pourvu de 700 épouses et de 300 concubines, femmes qui, au temps de sa vieillesse, détournèrent son coeur pour l'inciter à suivre d'autres dieux et à sombrer dans l'idolâtrie. Son sort dans l'au-delà a ainsi fait l'objet de nombreuses spéculations. En outre, plusieurs traités pseudépigraphiques grecs des premiers siècles de notre ère, ainsi que la tradition juive rapportée par Flavius Josèphe et abondamment exploitée dans l'Occident médiéval (notamment à partir du XIIe siècle), en font un roi exorciste et magicien, capable de contraindre les démons à lui obéir. Salomon joue également un rôle fondamental dans la littérature magique byzantine, copte et arabo-musulmane, dont certains spécimens ont été traduits ou adaptés en latin. À l'instar d'Hermès et d'Aristote, il est donc l'un des grands héros emblématiques du vaste mouvement de transfert culturel entre l'Orient et l'Occident qu'a connu la seconde moitié du Moyen Âge.