Dans l'entre-deux-guerres, le caoutchouc est, notamment
grâce à l'essor de l'automobile, une matière première très
recherchée. De grandes sociétés investissent certains pays
d'Asie du Sud-Est pour planter massivement des hévéas.
En Malaisie comme ailleurs, ils arrivent en conquérants,
imposant une organisation et des méthodes de travail
déconnectées des réalités locales.
Dans les années 1930, Maille, un jeune ingénieur
français, que rien n'y prédisposait, se trouve engagé
en Malaisie dans une immense plantation d'hévéas.
Contant son ascension au sein de la Compagnie
- personnage omniscient et omniprésent du roman -,
Pierre Boulle décrit avec humour, ironie et malice
l'absurdité et les paradoxes de la bureaucratisation et
de la rationalisation à outrance, et dresse un portrait
féroce du modèle colonial d'exploitation de la main-d'oeuvre et des ressources naturelles.
Largement inspiré de la propre expérience de Pierre
Boulle, Le Sacrilège malais, son deuxième roman,
éclipsé par les succès mondiaux de La Planète des singes
et du Pont de la rivière Kwaï, mérite d'être (re)découvert.