Qui était le mystérieux « Ami de Dieu de l'Oberland » ? Un laïque, répond Auguste Jundt, « dépourvu selon son propre aveu de toute culture théologique ». Mais à d'autres chercheurs, l'aventure de ce Robin des Bois de la mystique paraît tellement extraordinaire qu'ils en viennent à conclure qu'il n'a pas existé.
Certes l'identité de l'Ami de Dieu a été si soigneusement cachée par ses disciples qu'il est aujourd'hui encore fort difficile d'en retrouver les contours. Le rayonnement de ce maître spirituel semble pourtant avoir été considérable. Longtemps considéré comme une biographie de Tauler, le fameux Livre du Maître raconte comment l'Ami de Dieu serait à l'origine de la conversion du grand mystique strasbourgeois. Et, un siècle après la disparition de l'homme de « l'Oberland », c'est encore le prestige de son exemple qui amène le Suisse Nicolas de Flue, quittant son canton de l'Unterwald, à marcher vers les Hautes-Vosges alsaciennes pour y établir lui aussi un ermitage.
Les écrits de l'Ami de Dieu de l'Oberland ont connu une large diffusion en Suisse, en Allemagne du Sud et jusqu'en Hongrie. Ils ont largement circulé dans le mouvement des amis de Dieu, dont firent partie des personnalités aussi remarquables que le banquier mystique Rulman Merswin ou l'énigmatique Henri de Nördlingen. Aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, les manuscrits de l'Ami de Dieu proviennent directement des archives de l'île-Verte, la fondation créée par Merswin et transmise en 1370 à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. À noter que c'est précisément sur l'emplacement de cette fondation que se trouvent aujourd'hui les bâtiments de l'École Nationale d'Administration.
Le présent volume réunit l'ensemble des traités spirituels de l'Ami de Dieu, ici traduits en français pour la première fois. Afin de retracer l'aventure de la communauté de l'Oberland, un second volume présentera les écrits autobiographiques de l'Ami de Dieu ainsi que ses lettres à Merswin et aux Johannites de l'Île-Verte.