C'est l'histoire d'une révélation, d'une redécouverte quasi miraculeuse. L'oeuvre de résistance d'un peintre amateur alsacien
décédé vingt ans plus tôt a été progressivement exhumée dans les années 1980 par François Pétry, un collectionneur passionné.
Le «Salon des rêves» de Joseph Steib - 57 tableaux peints clandestinement entre 1939 et 1944 - s'impose comme une oeuvre
majeure de la peinture de résistance, exposée aujourd'hui dans de prestigieux musées européens au côté des plus grands
artistes du XXe siècle.
À travers la restitution du quotidien de la guerre, avec ses brimades et ses violences, et des mises en scène hallucinées et parfois
cauchemardesques, Steib fait front à Hitler. Chacun de ses tableaux est un attentat, un sacrilège contre le Führer, qui est pour
l'artiste un Antéchrist qu'il élimine dans des tableaux à la force chamanique.
Entre art populaire, expressionisme et surréalisme, avec un humour acide lancé à la face des bourreaux et des élans de compassion
envers les victimes, le «Salon des rêves» est une oeuvre fascinante, riche de symboles, et Joseph Steib apparaît comme un artiste
hors du commun, au courage considérable, peignant au péril de sa vie dans l'Alsace soumise à l'impitoyable joug nazi.