Cet ouvrage propose une lecture moderne de L'Histoire des
deux Indes. Cette vaste encyclopédie des récits de voyages au
XVIIIe siècle, fresque économique et sociale du Nouveau
Monde, a été rédigée par l'Abbé G.T. Raynal. Conçue sous
l'égide des «commerçants philosophes», elle inclut une
contribution des physiocrates ainsi que de Diderot qui y a signé
ses textes anti-colonialistes.
Simultanément historien, ethnologue des récits de voyages,
puis sociologue du monde moderne, l'auteur met en exergue la
brûlante actualité du Siècle des Lumières. Il explique comment
la découverte des autres sociétés a constitué une nouvelle
chance pour l'Europe qui, en s'appropriant «l'autre», a pu
engendrer la nation américaine. Pour cela, elle a dû reconstruire
son identité en regardant cet «autre» comme son miroir : le bon
et sociable sauvage, l'indigène industrieux et travailleur. Elle a
alors revendiqué l'humanité pour les opprimés au nom de son
intérêt économique, la civilisation pour tous au nom de sa
«confraternité universelle des cultures».
Au prisme de la rencontre du sauvage et du civilisé, cet essai
va aux origines de notre culture matérielle. Vers un monde où la
libre circulation des intérêts et l'organisation rationnelle du
commerce, construisent les fondements d'une société
autorégulée par les passions humaines, l'individualisme
économique et l'esprit de domination de la nature par la culture.