«Pour tout un chacun des générations post-nazies,
la petite et la grande histoire se sont nouées dans la
poubelle des camps.»
La femme qui parle ainsi appartient, elle, à une
génération précédente. Anne-Lise Stern avait en effet
vingt-deux ans lorsqu'elle fut déportée à Auschwitz-Birkenau
au printemps de 1944. Ce «nouage entre le
privé et le public» a d'abord été pour elle une réalité.
Quand, plus tard, elle est devenue psychanalyste, la
confrontation de l'expérience du camp et de sa pratique
clinique, de ce qu'elle avait vécu là-bas et de ce qu'elle a
entendu ici, dans diverses institutions de soins et sur
son divan, l'a conduite à élaborer la notion qui donne
son titre à ce livre : le savoir-déporté.